studio bleu brique est un espace collectif qui envisage sa production comme une collection de compétences.
Il s’associe à d’autres architectes, à des paysagistes, à des plasticien.nes, à des économistes et des ingénieur.es, etc. pour assurer une conception riche et juste.
Par conséquent la méthode présentée se décline à la première personne du pluriel : l’équipe, à géométrie variable, entraîne des spécialistes avec qui nous partageons une vision commune.
Le studio travaille avec les maîtrises d’ouvrage privées et publiques. La pratique du projet est multiple et variable, et nous invite à travailler sur des territoires en mouvement. Si le travail de l’architecte consiste à imaginer et réaliser des espaces fonctionnels, il semble essentiel d’y apporter des dimensions complémentaires et nécessaires aux défis actuels.
Au travers d’une diversité d’échelles et de programmes, apparaissent des points communs à nos projets : les notions de partage, de sobriété, et d’épiderme.
Nous mettons au centre de notre conception les usagers pour définir avec précision les besoins et les attentes. Pour cela, nous valorisons les échanges et la transparence : nous adaptons nos outils de conception, du plan à la maquette physique en passant par le croquis, de manière à rendre le projet communicable et critiquable.
Et nous invitons les usagers à se les approprier pour exprimer ses attentes et ses envies, à travers des ateliers de conception partagée. C’est dans cet effort que nous faisons émerger les imaginaires de chacun.
Enfin nous aimons pousser cette méthode en chantier quand ce dernier le permet. Nous mettons alors en place les conditions d’un apprentissage en commun en organisant des chantiers participatifs. Nous invitons alors des maçons, enduiseurs, menuisiers, ou autres corps, à venir enseigner sur une journée ou encadrer tout un chantier.
Nous sommes attachés à une architecture en relation avec son environnement, qui respecte le déjà-là, construit ou naturel.
Nous abordons la construction neuve, lorsque celle-ci justifiée et raisonnée. Mais cette pratique s’exprime tout particulièrement dans les rénovations : nous aimons révéler des espaces existants, et profiter du cadre bâti, contrainte inspirante, pour proposer de nouveaux regards sur le construit et son environnement. Nous sommes attachés à cet exercice qui répond à la nécessité de réduire nos déchets et le gaspillage : aussi nous réemployons ce qui peut l’être, conservons ce qui doit l’être, et n’imprimons notre geste qu’à la marge, où se croisent besoins et imaginaires.
Dans les deux cas nous insistons sur le coût, économique et social, de notre geste : nous construisons avec des entreprises locales, avec des matériaux puisés dans le territoire, réduisant notre impact carbone.
Enfin nous parlons matières et couleurs : le jeu des formes ne peut se séparer d’une attention particulière prêtée à
“ l’épiderme ”.
Ce goût se traduit par un intérêt pour la dimension paysagère : quel contact visuel entre une architecture et son milieu ? Le paysage est entendu comme morceau de territoire, mais il peut également se limiter à la cour intérieure d’une abbaye.
Cette approche invite au toucher, et interroge les réactions “à fleur de peau” que l’architecture peut provoquer. L’architecte ne saurait s’arrêter à la dimension fonctionnelle et pratique, il doit explorer la dimension sensorielle.
Ces trois notions fondent notre approche architecturale, elles se complètent et se nourrissent. Elles offrent, selon nous, les clés pour penser une architecture durable.
Cela au service d’une volonté, que le paysagiste et cinéaste Claude Eveno résume ainsi :
“ Qu’attend-on de l’architecture sinon qu’elle nous enchante ? Du plus loin des souvenirs d’enfance jusqu’aux découvertes de l’adulte, la rencontre des édifices est affaire de désir. [...] Un désir immédiat, une sensation d’évidence qui vous dit que là, quelque chose pourrait accueillir la douceur des rêves les plus profonds. Cette réceptivité soudaine au charme d’une construction, cet émerveillement, n’est rien d’autre que l’innocence retrouvée devant la nécessité d’avoir un lieu, quelque part, pour traverser le temps. ”
* Claude Eveno in François, Edouard, & Lewis, Duncan.
Construire avec la nature. Jardins des paradis. Aix-en-Provence, Edisud, 1999.